accompagnement par hypnose
Aurèle Fiévé
Mon objectif d’accompagnement est de vous permettre de vous sentir apaisé·e vis-à-vis
de votre passé traumatique, et que vous retrouviez un état de sérénité dans votre quotidien ainsi qu’un sentiment d’enthousiasme face à votre avenir. Je vous accompagnerai aussi loin que vous le désirez sur ce chemin, tout en prenant soin de maintenir un cadre le plus sécurisant possible.
Les traumatismes
Cette page, qui se rapproche davantage du format blog, est à lire selon votre convenance. Vous y trouvez les définitions établies autour des traumatismes et vous découvrirez quelles est mon cadre théorique et mes méthodes d’accompagnement thérapeutique à ce sujet.
Vous trouverez également en bas de cette page des contacts d’organismes de santé formés à une prise en charge d’urgence des traumatismes (ce qui n’est pas mon cas).
Le choix de me spécialiser :
Les traumatismes occupent une place bien plus importante qu’on ne peut le penser au sein des existences de tout à chacun·e. Selon l’INSERM, la prévalence des Troubles de Stress Post-traumatique (qui ne représente qu’une seule des manifestations possibles associées aux séquelles traumatiques) serait de 5 à 12% dans la population générale. Ces données seraient principalement issues d’études menées aux États-Unis et les études sur le sujet sont plus rares en France et dans les autres pays. Ces chiffres pourraient être donc sous-estimés du fait de la méconnaissance du trouble et de ses formes d’expression qui peuvent échapper au diagnostic.
Néanmoins, l’étude des psychotraumatismes reste encore peu présente au sein des cursus de psychologie et psychothérapie, et la spécialisation se fait principalement via des formations privées quasi toutes réservées aux seul·es professionnel·les de santé (psychologues, médecins, infirmier·es, biologistes). L’hypnose est d’ailleurs enseignée dans bon nombres de ces formations spécialisées. Combinée à un bagage théorique conséquent, elle est un outil efficace pour aider à se libérer du traumatisme. Dans l’idéal, le suivi thérapeutique d’un Trouble de Stress Post-traumatique devrait se faire de manière pluridisciplinaire. Mais seul un nombre très limité d’institutions spécialisées et conventionnées par la sécurité sociale, rend ce cadre possible.
J’ai acquis d’une part mes compétences en termes d’accompagnement des traumatismes en lisant de nombreux ouvrages spécialisés et en assistant à de nombreuses conférences à ce sujet. D’autre part, j’ai participé à plusieurs formations qui me sont utiles dans ce domaine. J’ai en effet effectué une formation de 12 h sur La Pleine Conscience sensible aux traumatismes. Ainsi, les personnes que j’accompagne peuvent apprendre à se mettre dans des états introspectifs (écoute des sensations et émotions), tout en ayant les outils pour canaliser l’éventuelle survenue d'états de débordements émotionnels et physiologiques. En outre, j’ai effectué une formation de 21 h sur le Repérage et Gestion du Stress et des Émotions par les outils de la Thérapie Cognitivo-Comportementale et Émotionnelle (TCCE). Cette dernière formation m’offre des outils intéressants en termes de restructuration cognitive (désamorcer les boucles de pensée négative) et de réexposition progressive (modification des comportements d’évitement). Dans le cas de l’accompagnement des traumatismes, l’exposition progressive peut concerner des éléments du présent qui font écho au traumatisme passé, et que la personne évite alors qu’ils ne présentent en réalité pas de menace. Je ne pratique pas la « thérapie par réexposition », basée quant à elle sur l’évocation orale répétée du récit du traumatisme. Cette méthode, qui reste controversée (risques de re-traumatisation et intérêt limité face à une personne polytraumatisée), ne correspond pas à mon approche (davantage axée sur l’expérience corporelle et affective). En outre, ma formation sur les addictions et sur les Neurosciences pour l’Accompagnement m’apporte également une connaissance éclairée de certaines difficultés rencontrées par les personnes traumatisées.
Ainsi, mes bases en psychopathologie, mes outils en gestion du stress et des états anxieux, et mes connaissances précises autour du Trouble Post-traumatique, me permettent de vous proposer un accompagnement riche et sérieux. Dès les premières séances d’hypnose, vous pourrez bénéficier d’une meilleure compréhension de vos difficultés/symptômes, et je vous transmettrai des techniques de gestion du stress et des autres troubles que vous pourriez connaître.
Si l’hypnose fonctionne plutôt sur un nombre réduit de séance (voir la page « Séance-Tarifs »), l’accompagnement des traumatismes demande a priori une progression plus lente et sécurisante. Cependant, personne ne peut présumer de votre degré de résilience ou capacité à changer. Malgré un passé très douloureux, il se peut tout à fait que vous n’ayez besoin que d’un simple coup de pouce pour aller de l’avant, et que votre qualité de vie se trouve rapidement métamorphosée.
Notez enfin que je n’hésiterai pas à vous réorienter si je pense que l’intensité de vos troubles dépasse mon champ de compétences. Il est aussi important de rappeler que mon statut d’hypnologue ne me permet pas de poser de diagnostics.
Les différentes réactions traumatiques :
Dans les premiers jours voire les premières semaines suivant un événement traumatique, on parle de Réaction de stress aiguë pour décrire la présence de symptômes tels que «des signes autonomes d’anxiété (p. ex. tachycardie, transpiration, bouffées vasomotrices), l’étourdissement, la confusion, la tristesse, l’anxiété, la colère, le désespoir, la suractivité, l’inactivité, le retrait social ou la stupeur.» (CIM* 11, 2018, code QE84) * Classification Internationale des Maladies, ou en anglais ; ICD pour International Classification of Diseases).
La Réaction de stress aiguë est considérée comme une réponse biologique « normale » (bien qu’elle ne soit pas systématique) lorsque ses symptômes restent transitoires. On pourrait tout bonnement la décrire comme un « état de choc ». Mais si après une durée de minimum 4 semaines les informations liées à l’événement traumatique ne parviennent pas à être traitées et intégrées sur le plan cérébral, et que la personne présente un ensemble spécifique de symptômes, on parlera alors de Trouble de Stress Post-traumatique (définition dans la prochaine rubrique). Attention, le TSPT peut aussi apparaître sans qu’il ait eu cette phase de Réaction de Stress Aiguë préalable. Il peut survenir de manière différée, des mois ou des années après l’événement traumatique. À noter également qu’il est possible de souffrir de souffrir de dysfonctionnements importants suite à un traumatisme, sans avoir forcément un TSPT.
Suite à un événement traumatique, près de la moitié des personnes qui subissent des troubles vont voir ceux-ci disparaître dans les trois mois. Mais environ 20% vont développer une forme chronique, à laquelle pourront s’associer d’autres troubles ou symptômes (par exemple : fatigue chronique, trouble du comportement alimentaire, addictions, dépression, hypertension artérielle ou maladies inflammatoires…) (données fournies par l’INSERM). Un accompagnement sur les séquelles précoces de l’événement traumatique (dès la Réaction de Stress Aigüe ou les premiers signes de stress post-traumatique), peut faciliter le processus d’intégration/assimilation du ou des événements traumatiques et éviter les risques de dérégulation chronique de la personne.
Définition du Trouble de Stress Post-traumatique :
Le TSPT émerge à la suite d’un ou d’une série d’événements causant un stress extrême («événements extrêmement menaçants ou terrifiants») et « se caractérise par les éléments suivants :
1) revivre l’événement ou les événements traumatiques dans le présent sous la forme souvenirs, flashbacks ou cauchemars intrusifs saisissants. Cela peut survenir via une ou plusieurs modalités sensorielles et s’accompagne généralement d’émotions bouleversantes, en particulier de peur ou d’horreur, et de sensations physiques intenses ;
2) l’évitement de pensées et souvenirs de l’événement ou des événements, ou l’évitement d’activités, de situations ou de personnes rappelant l’événement ou les événements ;
3) des perceptions persistantes d’une menace actuelle accrue, visible par exemple sous la forme d’une hypervigilance ou d’une réaction de sursaut accrue à des stimuli tels que des bruits inattendus. Les symptômes persistent pendant au moins quelques semaines et « entraînent une déficience significative dans les domaines personnel, familial, social, scolaire, professionnel ou d’autres domaines de fonctionnement importants. » (CIM 11, code 6B40)
Ajoutons à cette définition que les dysfonctionnements subis à un niveau cognitif (traitement de l’information, raisonnement, organisation, mémoire, croyances) et émotionnel, empêchent alors l’auto-régulation sur plusieurs plans. Tout d’abord au niveau sensorimoteur, comme par exemple des perceptions sensorielles exacerbées ou au contraire une perte de sensation, ou encore une perte temporaire de motricité. Mais aussi au niveau somatique, c’est-à-dire les processus de régulation corporelle tels que digestion, respiration, tension artérielle, sommeil… Dans un cercle vicieux, les perturbations sensorimotrices et somatiques renforcent à leur tour les dysfonctionnements cognitifs et émotionnels. Ainsi, une personne souffrant des séquelles d’un traumatisme (qu’il y est TSPT ou pas) connaît des dérégulations sur le plan physique et entretient malgré elle des émotions et des formes d’adaptation liées au trauma initial (perception de soi, attitude, réaction, prise de décision), de manière inadéquate à sa réalité actuelle. Son corps réagit comme si la menace du passé traumatique était toujours actuelle.
Dans le cas du TSPT, le souvenir traumatique ne suit pas la procédure habituelle d’analyse et de mise à distance. En effet, l’intensité de l’événement est telle qu’elle provoque une hypermnésie sur le plan émotionnel, tout en gênant la constitution de la mémoire épisodique qui permet de verbaliser et conscientiser ce qui survient. Cette modification peut parfois conduire à une amnésie partielle sur la façon précise dont l’épisode s’est déroulé. À posteriori, cette altération du processus de mémorisation normal rend l’individu incapable de mettre l’événement à distance par la parole ou la conscience. Seules les émotions ressurgissent, avec une puissance similaire à l’événement initial.
Définition du Trouble de Stress Post-traumatique Complexe (TSPT-C) :
Le TSPT-C peut aussi apparaître après «une exposition à un événement ou une série d’événements de nature extrêmement menaçante ou terrifiante, le plus souvent prolongés ou à des événements répétitifs dont il est difficile ou impossible de s’échapper (p. ex. torture, esclavage, campagnes de génocide, violence domestique prolongée, abus sexuel ou maltraitance physique sur des enfants). » Le TSPT-C reprend tous les symptômes du TSPT, auxquels s’adjoignent d’autres symptômes de nature sévère et persistante :
« 1) des problèmes de régulation de l’affect (réactivité émotionnelle accrue à des facteurs de stress mineurs, comportement imprudent ou autodestructeur, émoussement affectif) ;
2) l’impression d’être diminué·e, vaincu·e ou inutile, accompagnée de sentiments de honte, de culpabilité ou d’échec en lien avec l’événement traumatique ;
3) des difficultés à entretenir des relations et à se sentir proche des autres. »
Là aussi, les symptômes « entraînent une déficience significative dans les domaines personnel, familial, social, scolaire, professionnel ou d’autres domaines de fonctionnement importants. » (CIM 11, code 6B41)
Contrairement au TSPT dont les symptômes peuvent disparaître complètement dans les trois mois suivant leur apparition, le TSPT-C se caractérise donc toujours par des séquelles devenues chroniques (« le TSPT complexe se caractérise de façon sévère et persistante »). Le diagnostic du TSPT-C insiste par ailleurs sur la présence de perturbations omniprésentes du comportement, se manifestant dans divers contextes qui ne font pas forcément écho à l’événement ou aux événements traumatiques (contrairement au TSPT). Il suggère une déficience plus sévère que pour le TSPT, due à sa plus grande charge de symptômes. Quant à l’importance des caractéristiques propre à la nature même du traumatisme (Y a-t-il eu traumatisme unique ou situation traumatique répétée ? Était-il possible ou non d’y échapper ?), elle est plus à prendre comme facteur de risque et reste à pondérer par l’influence de différents facteurs. D’une part des facteurs dispositionnels tels que l’état de santé physique et mentale, ou l’âge de la personne au moment du traumatisme, ou son patrimoine génétique et épigénétique. Et d’autre part, des facteurs environnementaux tels que l’absence ou non de soutien social, ou encore la présence de douleurs physiques chroniques associées à l’événement traumatique… Ainsi, une personne vulnérable, ayant vécu un traumatisme unique et circonscrit dans le temps peut développer un TSPT-C, tout comme une personne résiliente ou bien soutenue, ayant des antécédents de traumatisme répétés peut développer un TSPT (au lieu d’un TSPT-C) et peut aussi d’avoir aucun des deux troubles.
C’est seulement en 2018 que le TSPT-C fait son apparition dans les ouvrages de classification des troubles mentaux (avec la publication du CIM 11 par l’OMS) et les pistes de traitements validés scientifiquement sont bien moins avancées que pour le TSPT. Ainsi, c’est un trouble qui reste encore trop peu maîtrisé par les professionnels de l’accompagnement psychologique. Mais de manière plus générale, l’origine traumatique de troubles psychologiques ou somatiques n’est pas assez interrogée, alors que les symptômes du sujet peuvent correspondre aux séquelles devenues chroniques, voire à des séquelles tardives/différées d’anciens traumatismes. La personne qui subit ces séquelles pourrait avoir un TSPT « simple » ou complexe comme elle pourrait présenter d’autres troubles mentaux et/ou somatiques. Dans tous les cas de figure, manquer de prendre en compte l’existence d’un potentiel passé traumatique peut causer des risques de retraumatisation en séance pour le sujet. Ainsi, la reconnaissance de certains symptômes doit inviter à la prudence : troubles dépressifs, alimentaires, anxiété généralisée, addictions, troubles dissociatifs, problèmes de régulation émotionnelle, dévalorisation, signes d’hyperactivation ou d’hypoactivation neurovégétative… Lorsqu’on observe un certain nombre de ces dysfonctionnements chez le sujet, on devrait donc sécuriser le cadre thérapeutique en utilisant les outils et étapes propres à l’accompagnement d’un Trouble de Stress Post-traumatique.
Mon cadre théorique et mes méthodes :
Ma méthodologie d’accompagnement des traumatismes est enrichie d’une part par mes connaissances sur la Théorie Polyvagale, développée dans les années 90 par Stephen Porges (psychologue, scientifique et professeur de psychiatrie). À ce titre, je propose en complément de l’hypnose des outils pratiques permettant de réguler durablement le stress sur le plan physiologique, telle que la cohérence cardiaque et la pleine conscience. J’utilise également certains outils de la Thérapie Cognitivo-Comportementale et Émotionnelle (aussi dite TCCE) pour le travail de restructuration cognitive et d’exposition progressive. Enfin, je fais appel aux méthodes somatiques de la Thérapie Sensorimotrice, développée dans les années 80 par Pat Odgen (psychothérapeute et enseignante). Cliquez ici pour obtenir plus de détails sur cette discipline (site en anglais). Plus largement, je reprends le modèle du traitement par phase, qu’on retrouve dans divers protocoles de traitement du traumatisme.
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La Théorie Polyvagale, fondée sur l’étude du système nerveux autonome, permet de mieux comprendre et repérer les réponses physiologiques associées à la perception de signaux de sécurité ou d’insécurité. Le système nerveux « autonome » gère les fonctions «automatiques» de l’organisme, c’est-à-dire les fonctions qui ont lieu sans le concours de notre volonté : régulation de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque, digestion, vascularisation, transpiration, température corporelle, activité des muscles lisses du corps humain et du myocarde, sécrétions de certaines glandes… Un système nerveux autonome en bon état de fonctionnement est important pour maintenir la santé physique et mentale. Sur le plan du stress, cela permet notamment d’avoir de meilleures capacités d’adaptation, de récupération et de détente.
Le système nerveux autonome analyse ainsi les informations sensorielles venant du corps (intéroception) et de l’extérieur (environnement) pour évaluer le niveau de sécurité. À cet effet, il analyse notamment les signaux renvoyés par l’interaction sociale entre nous et les autres. Lorsque le système nerveux autonome perçoit suffisamment d’indices de sécurité, l’individu a les aptitudes physiologiques pour interagir avec l’extérieur et améliorer la qualité de son environnement social. On observe alors un état de régulation optimum de l’organisme : sentiment de sécurité, d’ouverture, bien-être physiologique. Mais lorsque le système nerveux autonome et notamment le système défensif, est dérégulé, l’individu peut alors se retrouver en état chronique d’hyperactivation (état de « sur-régime ») caractérisé par l’hypervigilance, l’anxiété accrue, l’agitation, les émotions à vif, ou en état chronique d’hypoactivation (état de « sous régime ») caractérisé par le manque d’énergie, l’immobilité, l’émoussement affectif. Dans ces situations, les réponses face au stress deviennent inadaptées et le processus de récupération, plus difficile. L’individu a beau vouloir rester en lien avec les autres, sa physiologie ne lui le permet pas. Il ne peut plus se détendre, s’ouvrir aux autres, aller vers l’extérieur, prendre les risque nécessaires à sa reconnexion sociale et à son engagement dans les différents systèmes d’action.
Le système nerveux autonome doit donc conserver sa capacité à s’autoréguler afin de pouvoir libérer les ressources nécessaires l’interaction avec l’environnement, y compris les interactions sociales. Dans ces conditions, il peut alors inhiber le mode vigilance par défaut et permettre un déplacement de l’attention vers des stimulus autres que menaçants. Ainsi, les connaissances rattachées à la Théorie Polyvagale permettent de repérer « l’état d’activation » d’une personne : « Est-elle sur un mode combat ou défensif ? » « en mode survie/effondrement ? » ou bien «en état de co-régulation, sociabilité ?». En réponse aux états dérégulés, la Théorie Polyvagale fournit des outils pour retrouver un état fonctionnel.
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LaThérapie Cognitivo-Comportementale et Émotionnelle offre quant à elle des outils intéressants pour la restructuration cognitive, permettant de s’entraîner à penser de manière moins négative ou menaçante. Cette technique aide à modifier les croyances irrationnelles ou irréalistes liées aux traumatismes. Sur le plan émotionnel, les outils de la TCCE permettent d’effectuer un repérage des émotions et une analyse de leurs conséquences. Ceci permet à la personne d’acquérir un meilleur contrôle et une meilleure capacité d’expression. Enfin, la TCCE a développé la méthode dite d’exposition progressive. Cette dernière peut se faire « in vivo » : la personne affronte par étapes une situation redoutée dans la réalité. Et elle peut aussi se réaliser en imagination. La méthode d’exposition progressive vise à réduire les réponses physiologiques, les comportements, les pensées et les émotions négatives associés à la confrontation à un objet, un lieu, une situation, une évocation ou un souvenir qui déclenche une anxiété. Ainsi, elle aide la personne à retrouver un comportement fonctionnel, libéré du stress. Personnellement, je n’utilise pas l’exposition progressive pour traiter le souvenir traumatique lui-même. J’y fais appelle pour aider la personne à se défaire des stratégies d’évitement qu’elle met en place face à des éléments du présent qui font écho au traumatisme passé, et qui en réalité ne présentent pas de menace.
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La Thérapie Sensorimotrice, tout comme la théorie vagale, est orientée vers l’étude des processus physiologiques et des neurosciences. Elle a été spécifiquement pensée pour l’accompagnement des traumatismes. En plus du traitement cognitif, comportemental et affectif lié aux psychothérapies traditionnelles, elle met l’accent sur l’exploration progressive et précautionneuse du rapport au corps : posture, mobilité et accès aux sensations. Le corps est en effet souvent source de difficulté pour les personnes traumatisées. La Thérapie Sensorimotrice considère le corps comme une source d’information cruciale pour cerner les aptitudes et limites actuelles de la personne accompagnée.
Invitant la personne à adopter une posture de curiosité à l’égard d’elle-même, elle l’oriente vers l’observation de son état physique présent, en l’aidant à se détacher des affects/pensées intrusives. Ce processus permet à la personne traumatisée d’apprendre à s’autoréguler face aux réactivations traumatiques. Pour l’explication scientifique : retenez que lorsque la faculté d’auto-observation est activité (cortex préfrontal médian sollicité en vue du traitement cognitif), le système d’action défensif est alors désactivé (Pat Ogden et al., 2006, p262). Il se trouve en effet que l’activité du cortex préfrontal médian est réduite en cas de Trouble de Stress Post-traumatique. Ainsi, chercher à le stimuler permet d’inhiber le système limbique (notamment l’amygdale, liée au traitement des émotions et notamment au conditionnement de la peur) et de réguler la libération de cortisone (hormone du stress). Par conséquent, l’activation du cortex préfrontal médian permet de réduire la généralisation de la réponse de peur.
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Enfin, ma méthode d’accompagnement des traumatismes rejoint plus largement le modèle par phases de Pierre Janet (1859-1947), que l’on retrouve d’ailleurs dans la Thérapie Sensorimotrice. Psychologue et médecin français, Pierre Janet utilisait l’hypnose au sein de sa démarche clinique expérimentale. Il préconisait un suivi en 3 phases : la stabilisation, le traitement du matériel traumatique et la réhabilitation de la personnalité, permettant d’envisager un avenir positif (malgré et avec le passé traumatique). L’agencement entre ces phases n’est pas parfaitement linéaire mais fait d’aller-retours. L’accompagnement par phase a été « systématiquement recommandé dans divers protocoles de traitement du trauma (Brown & Fromm, 1986 ; Brown, Schefflin & Hammond, 1998 ; Cardena, Van der Hart & Spiegel, 2000 ; Chu, 2005 ; Cloitre et al., 2002 ; Courtois, 1988, 1991, 1999 ; Herman, 1992 ; National Collaborating Centre for Mental Health, 2005, Steele et al., 2005 ; Van der Kolk, McFarlane et al., 1996). » (Pat Ogden et al., 2006, p 249). La Société Internationale d’Étude du Stress Post-traumatique (International Society for Traumatic Stress Studies : ISTSS), qui a posé les jalons d’un traitement spécifique au Trouble de Stress Post-traumatique Complexe, reprend également un modèle similaire (ISTSS Guidelines Committe 2019).
Dans le cadre de ce traitement par phases, j’envisage comme optionnelle la confrontation au souvenir traumatique qui peut être pratiquée en état d’hypnose. Cette dernière permet de revisiter le récit du traumatisme pour apporter une forme d’intégration et d’apaisement. En séance d’hypnose, l’exposition à l’événement traumatique ne se fait pas de manière frontale : la personne revisite éventuellement ce qui se passe « avant » ou « après » le traumatisme, mais pas ce qui se passe « pendant ». Cette exposition au traumatisme ne saurait être pratiquée que si la personne a intégré toutes les capacités d’autorégulation nécessaires.
Mon accompagnement des traumatismes suit donc une progression en 3 étapes principales :
1/ Stabilisation et réduction des symptômes
La personne prend conscience de ses fonctionnements et dysfonctionnements, et notamment des éventuelles solutions néfastes mises en place (telles que l’évitement). Elle apprend à identifier les déclencheurs de son stress, à reconnaître les débuts de signes somatiques d’hyperactivation ou d’hypoactivation neurovégétative (donc à prendre davantage conscience de son état). L’hyperactivation correspond à un état d’hyperviligence (mode combat/fuite) et de réactivité émotionnelle, et implique souvent d’avoir des tensions corporelles. L’hypoactivation implique au contraire un engourdissement physique, mental et émotionnel, associé un manque de tonicité musculaire (le corps à envie de s’éteindre). Cette étape est également le moment de faire plus de place à l’auto-compassion.
L’objectif est de mettre en place de nouvelles stratégies adaptatives, d’accroître le sentiment de stabilité, d’autorégulation et d’intégrité physique, notamment par l’exploration du centre corporel (bassin, colonne vertébrale, cage thoracique) et la réorientation dans l’instant présent (accent mis sur la perception des signaux de sécurité).
2/ Traitement du traumatisme (optionnelle)
La personne apprend à mieux percevoir les différentes temporalités. Elle commence à pouvoir mieux sentir la distance entre son passé traumatique et sa réalité actuelle, ainsi que la différence entre celle qu’elle a été et celle qu’elle aujourd’hui. Elle identifie et de valorise les ressources de survie qui lui ont permis de s’en sortir par le passé, aussi bien qu’elle rétablit/développe les ressources qui étaient alors inaccessibles ou manquantes. Il devient alors possible pour la personne d’utiliser ces ressources dans le présent comme d’y faire appel dans l’espace du souvenir afin de pouvoir réévaluer l’événement traumatique en présence d’éléments de résilience. Dans cette étape, la personne accède également à la mémoire corporelle de l’événement. Le corps peut vivre/décharger de manière progressive et contrôlée ce qu’il a dû contenir au moment du vécu traumatique (mouvement de défense, paroles, tremblements…). Enfin, si besoin, la personne apprend à poser ses limites (sur le plan corporel et/ou verbal) et à automatiser son recours à l’action face à une menace ou conduite inopportune.
L’objectif est de se servir des ressources pour sécuriser dans le présent et apaiser la mémoire traumatique. La personne peut se libérer du sentiment d’impuissance et de découvrir à la place un fort sentiment d’agentivité (perception de sa capacité d’agir sur les autres, le monde, elle-même). Ainsi, elle gagnera en confiance en elle. Cette étape permet une forme d’intégration de l’événement traumatique (« Ça m’est arrivé à moi, mais ça appartient au passé et je peux vivre avec ce passé »).
3/ Rééducation de la personnalité
La personne apprend à vivre avec son passé traumatique et une nouvelle capacité de résilience. Elle continue de transformer ses déformations cognitives (croyances, pensées négatives ou limitantes) et la manière dont son corps les soutient (cheminement qui commence progressivement dès la première étape). Elle voit ainsi de plus en plus son comportement, ses croyances et sa perception d’elle-même se modifier. Elle peut faire le deuil de la personne qu’elle était avant le traumatisme et celui de la personne qu’elle est devenue après. Ainsi, elle va pouvoir devenir une nouvelle personne, plus résiliente. Elle apprend à toujours mieux à dépasser ses anciens automatismes. Soutenue par ses nouvelles capacités de régulation et d’affirmation de soi, la personne peut renforcer ses ressources, dépasser sa peur du changement et apprendre à s’investir sur le plan relationnel et intime.
L’objectif est que la personne puisse intégrer une nouvelle représentation d'elle-même, du monde et des autres. Il s’agit également de l’accompagner à se familiariser avec une capacité saine de prise de risque afin qu’elle puisse progressivement enrichir son quotidien.
En soutient à cette approche, l’hypnose est d’une précieuse aide pour :
– Faciliter l’accès aux sensations grâce à ses techniques imaginatives et ses outils de sécurisation. Elle permet également de s’imaginer expérimenter des actions qu’on ne se penserait pas être capable de réaliser : fuir, se défendre, repousser, signifier un refus. Elle permet aussi de se familiariser progressivement avec le fait d’adopter une posture d’accueil, d’ouverture…
– Faciliter un accès progressif aux émotions grâce à ses techniques introspectives (reconnaissance, acceptation, expression contrôlée).
– Transformer les déformations cognitives liées au vécu traumatique grâce à ses capacités de transformation et d’actualisation des représentations. L’hypnose apaise la mémoire traumatique (distinction des temporalités et appropriation de nouvelles ressources) et met à jour les représentations du monde, de soi-même, de l’avenir, pour permettre d’aller de l’avant.
Pour une prise en charge d'urgence, vous pouvez contacter le Centre Médico-Psychologique le plus proche de chez vous (infirmièr·es, psychologues, psychiatres). Vous serez soit vous accompagné·e par l’établissement en question, soit réorienté·e vers des professionnel·les exerçant en libéral. Attention, tous les professionnel·les exerçant dans les CMP ne sont pas spécialisé·es dans l’accompagnement des traumatismes et vous êtes parfaitement légitimes à demander ou à faire des recherches concernant le parcours et les spécialisations des personnes qui vous seront recommandé·es.
— Centre Médico-Psychologique de Cahors : 05 65 20 82 50 (du lundi au vendredi, de 9h à 18h).
— Centres Médico-Psychologiques de Toulouse : 05 61 77 79 00 (si vous habitez Toulouse, vous serez redirigé·e vers le centre le plus proche de chez vous).
Pour les traumatismes de moins de 6-8 mois, vous pouvez aussi vous adresser aux Consultations d’Orientation Médico-Psychologiques du CHU de Purpan à Toulouse : 05 67 69 16 03. La condition officielle pour être reçue·e est d’avoir été confrontée à la mort ou d’avoir ressenti le danger de mort. Mais dans les faits, c’est plutôt au cas par cas. Le nombre de rendez-vous maximum et de 3 à 5, puis une réorientation est possible pour une poursuite de l’accompagnement.
Pour les traumatismes de plus de 6 mois, sachez également que l’Hôpital psychiatrique de Purpan de Toulouse possède un Centre Expert Stress Traumatique (CEST) qui propose une consultation bilan (rendez-vous de 3 heures, avec infirmièr·e puis psychologue et psychiatre) afin d’identifier vos besoins et de vous réorienter soit vers un Centre Médico-Psychologique, soit vers des professionnel·les exerçant en libéral. Une consultation de suivi vous est proposée environ 6 mois à 1 an après pour faire le point. Numéro de contact : 05 34 55 75 05
Toutes ces consultations proposées par ces institutions sont prises en charge par la sécurité sociale et sont donc gratuites pour les bénéficiaires de la Complémentaire Santé Solidaire (CSS, anciennement CMU).